L’ECOLE ENTRE LES DEUX GUERRES
On allait à l'école du lundi au samedi toute la journée sauf le jeudi, seuls, à pied, hiver comme été. On n'avait pas de cartable : les garçons avaient une gibecière, les filles un sac. L’école était mixte mais les garçons et les filles étaient séparés dans les classes. Les élèves disposaient d'un bureau avec un encrier en porcelaine. L'instituteur remplissait les encriers avec l'encre qu'il fabriquait lui-même à partir de granulés violets auxquels il ajoutait de l’eau. Les élèves avaient donc un porteplume, également une ardoise avec un crayon d’ardoise et un buvard pour l’encre. Tous les élèves portaient une blouse grise, filles comme garçons. Il n'y avait pas de cantine, on amenait avec soi sa gamelle, qu'on pouvait réchauffer sur le poêle. Mais on mangeait surtout du pain et du fromage. C'était un poêle à charbon, rond. Ses tuyaux servaient à chauffer la classe. Le feu était allumé par les enfants et l'un d'entre eux était de corvée pour aller chercher le charbon.
L’enseignement et la discipline marchaient de pair. On pouvait aller au coin avec le bonnet d'âne et regarder le mur ou se faire sortir de la classe en se faisant tirer par l’oreille. Heureusement, il y avait aussi des récompenses, les bons points.
En primaire étaient enseignées les matières telles que l’orthographe, la grammaire, l’histoire, la géographie, l’arithmétique et la géométrie. On trouvait dans les classes, les cartes murales du relief, des canaux, des bassins houillers et mines de fer et de l’agriculture. L’enseignement du français était très présent dans les classes et occupait une bonne partie de la journée. La lecture était très importante. Savoir bien lire et comprendre ce que l’on lisait était une des priorités de l’école. L’apprentissage était basé sur une méthode commençant par quelques mots puis, petit à petit, par l’étude des lettres et des sons (méthode syllabique). Le chant avait une grande part. Il y avait plusieurs dictées avec questions toutes les semaines. La dictée était d’ailleurs une matière éliminatoire au certificat d’études quand on avait fait plus de 5 fautes.
Il y avait aussi la leçon de morale. En présentant aux élèves la morale, aujourd’hui bien oubliée, les instituteurs vont développer, après la guerre, l’entraide et la solidarité, enseigner les vraies valeurs en racontant de petites histoires et en faisant copier tous les jours d'une belle écriture une pensée, un proverbe populaire ou une maxime morale
Les filles avaient également un programme de puériculture et faisaient de la couture. Les garçons quant à eux faisaient du dessin et du travail manuel.
Les enfants sont, en tant qu’écoliers, largement sollicités pour assister aux cérémonies nationales ou aux inaugurations diverses. A Hermies on peut voir les petits écoliers à l'inauguration de l'église ou du monument aux morts. Les commémorations ont une double dimension pour les écoliers : elles permettent de rendre hommage aux morts mais également de transmettre un message civique et moral autour de l’idée du sacrifice des aînés dont il faut se rendre digne.
Enfin, on n’oubliait pas la gymnastique dans la cour de l’école. A la récréation les filles et les garçons ne s’amusaient pas ensemble. Les filles faisaient des rondes en chantant des comptines, jouaient à la marelle en traçant sur le sol un jeu de carrés aboutissant à un demi-cercle appelé ciel. Elles lançaient un palet ou une pierre plate dans chaque carré à tour de rôle et, en sautant à clochepied, elles arrivaient au ciel sans toucher aux traits du jeu.
Les garçons jouaient aux gendarmes et aux voleurs. Tous voulaient être voleurs ! Les premiers cherchaient à attraper les autres pour les mettre en prison. Là, les voleurs essayaient de délivrer les prisonniers en leur touchant la main. Mais les garçons affectionnaient beaucoup le jeu de billes et utilisaient des billes en terre.
