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LE VILLAGE VERS 1880

L'Agriculture à Hermies:
Le village d'HERMIES a été de tout temps essentiellement agricole. La propriété foncière était très morcelée et il n'y avait dans le pays aucune ferme importante. Les plus grandes exploitations ne comptaient de fumier et les labours. Au printemps, les semailles et au mois de mai le sarclage. La moisson se faisait souvent à la faux, la moissonneuse n'était pas encore connue. Une des coutumes de cette époque était le glanage. Aussitôt que la récolte était enlevée un grand nombre de glaneurs et surtout de glaneuses se répandaient dans les champs sous la surveillance du garde champêtre et ramassaient les épis qui restaient au sol. Il était absolument défendu de glaner seul et aux époques interdites.
Toutefois il est bon d'ajouter que le soir, lors du retour des glaneurs et des glaneuses à la maison une discrète visite aux javelles de céréales était de rigueur, on saquait une ou deux poignées de beaux épis. Les indigents disaient entre eux : " La grange du bon Dieu est ouverte, il faut en profiter." 

Le Marquis d'HAVRINCOURT, ancien chambellan de l'empereur Napoléon III et qui était fort populaire dans toute la région, possédait dans ce village une sucrerie qui occupait de nombreux ouvriers d'HERMIES et il avait une ferme modèle où il se livrait à l’élevage. Il fut un des premiers en FRANCE à posséder un beau troupeau de vaches de la race anglaise de Durham si appréciée pour la boucherie. Le Marquis d'HAVRINCOURT était maire de sa Commune, Conseiller général, Sénateur et officier de la légion d'honneur.

On trouvait aussi autrefois dans le village cinq ou six bergers ayant chacun un troupeau d’une centaine de moutons. Pour résister aux intempéries des saisons, le berger portait un long manteau de gros drap gris, il avait sur la tête une casquette fourrée et des galoches aux pieds. Il portait une large ceinture de cuir avec quatre ou cinq chaînettes pour attacher ses chiens. Il faisait paître ses moutons le long des chemins herbus ou dans les chaumes et le soir il les ramenait au parc. C'était un espace de terrain entouré de claies où les moutons passaient la nuit. Tous les jours le berger changeait son parc en déplaçant les claies car le séjour du troupeau avait pour but de fumer le terrain parqué, les excréments et les urines des moutons constituant un excellent engrais. Le berger passait la nuit dans une sorte de roulotte lui permettant de surveiller ses bêtes. Comme il ne retournait pas chez lui le soir sa femme ou l'un de ses enfants lui apportait dans les champs ses repas et la pâtée des chiens. Le métier de berger était peu pénible et assez lucratif car le propriétaire du terrain où les brebis avaient parqué payait une redevance proportionnée à la surface du champ ayant reçu les déjections animales.
De plus, Ia tonte des moutons donnait chaque année une certaine quantité de laine qui était vendue un bon prix. Enfin les bêtes grasses étaient vendues à la boucherie et le troupeau se renouvelait d’année en année par la naissance des agneaux.

 
 

L'Industrie à Hermies :
A la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, le tissage est la principale activité industrielle d'Hermies, en particulier avec l'usine à mouchoirs de Valence Pradoura et le tissage Peugnet.
L'entreprise Pradoura comptait onze métiers à bras. Outre le personnel d’encadrement, il y avait 9 ouvriers et ouvrières et 10 ourleuses dans les locaux industriels, ainsi que 50 ourleuses à domicile et 120 tisseurs travaillant par intermittence chez eux.
Dans toutes les maisons des ouvriers, il y avait un ou plusieurs métiers à tisser et du matin au soir on entendait le tic-tac de la navette courant entre les fils. Il
y avait les tisseurs de mouchoirs, les tisseurs de Roubaix qui fabriquaient des lainages légers et quelques ouvriers adroits tissant la soie sur métiers genre Jacquard. Le travail était peu rétribué surtout et l’ouvrier ne gagnait guère plus de deux francs et il s'estimait heureux d'avoir du travail. Toute la famille s'activait très tard le soir avec le travail déposé par les petites usines de tissage et de mouchoirs et repris lors de nouveaux dépôts. 
Entre autres, il fallait couper les fils, ourler et plier les torchons ou les mouchoirs. Il fallait aussi les assembler à l'aide de cordon avec un joli nœud. Voilà sans doute pourquoi on a comparé les habitants d'Hermies à des fourmis qui s'activent tout le temps.

Ce surnom est rappelé dans une chanson de cette époque : V'là les fournions!

« V'là les fournions, les vrais fournions 
d'alentour la belle jeunesse
ils sont heureux ils sont joyeux
aussi aimables qu'amoureux;
v'là les fournions, les vrais fournions.. »


Il y avait également à cette époque dans le village un certain nombre de fileuses. C’étaient en général des femmes âgées et qui, sur leur quenouille, enroulaient de la filasse de lin excessivement fine. Avec leur rouet, elles filaient ce lin sur des bobines qui servaient au tissage des mouchoirs de batiste dont la ville de CAMBRAI avait la spécialité. Certains de ces mouchoirs se vendaient cent cinquante et même deux cents francs.

Vers 1872, une râperie de betteraves dépendant de la sucrerie centrale de CAMBRAI fut construite sur la route de Demicourt et fournit du travail à beaucoup d'ouvriers. Cette usine ferma après une trentaine d'années d'exploitation.

On comptait à cette époque à HERMIES trois brasseries, trois briqueteries, deux carrières de silex, quatre fours à chaux et cinq ou six moulins à vent établis sur des collines aux alentours du village.

Il y avait à HERMIES cinq ou six moulins à vent se trouvant en général sur les collines autour du village. Il existait deux moulins à vent sur la route de DEMICOURT, un sur le chenin de DOIGNIES, un autre derrière la gare et un dernier à l'entrée du cimetière. Le matin, le meunier arrivait à son moulin, garnissait les ailes et mettait les meules en marche. Le muletier (on disait alors le cacheux) avec sa charrette bien bâchée, tirée par un mulet, passait dans les fermes, prenait les sacs de grain à moudre et les jetait dans sa voiture. De plus il remettait au fermier la farine et le son provenant du blé donné la semaine précédente. A cette époque il y avait très peu de boulangers, les fermiers et les ouvriers avaient presque tous un four dans leur demeure et faisaient le pain eux-mêmes.
Vers 1880 alors que le tissage mécanique commençait à enlever du travail aux ouvriers, une industrie nouvelle s'installa à HERMIES. Un industriel de PARIS, Monsieur POCHEBONNE amena de la capitale quelques tours à boutons et aidé par des spécialistes, il initia des ouvriers adroits au travail de la nacre. Son expérience fut couronnée de succès et dans la suite il édifia une usine en bois où travaillaient de nombreux ouvriers. L’industrie des boutons en nacre occupa la majeure partie de la population ouvrière d'Hermies. Cette industrie prospéra pendant de longues années.
Cependant en mars 1891, une grève vient de se déclarer parmi les ouvriers de la Maison Pochebonne. Jusqu'ici, aucune grève ne s'était déclarée parmi cette population très calme. Mais cette semaine-là, M. Pochebonne informait ses ouvriers et ouvrières que par suite de la concurrence faite aux boutons de nacre par les boutons de nickel, il se voyait dans la nécessité de réduire les salaires.
Les nouvelles conditions réduisant le salaire de plus de la moitié, les ouvriers boutonniers se mirent en grève ; les ouvriers coupeurs ne tardèrent pas à les suivre. Tout le personnel de l'usine, 200 personnes environ, est en grève.
Les grévistes tiennent des réunions sur la place ; ils manifestent et ils chantent, mais en somme leur attitude est calme. On a fait cependant appel aux gendarmes de Bertincourt, de Bapaume et de Marquion qui sont en permanence à Hermies.



Le Commerce à Hermies :
Le commerce a toujours été fort restreint à HERMIES qui était surtout un centre agricole. On ne comptait dans le village qu'une seule épicerie importante, celle de M. LELOIR. Il y avait quelques grands cafés autour de la place et un hôtel pour les voyageurs. Il y avait également une pharmacie bien achalandée car elle était la seule de la région.
Le conseil général du pas de calais lors de la séance du vendredi 24 août 1894 a voté les crédits pour la création du marché d’Hermies

A l’époque où le tissage était florissant il y avait également un certain nombre de colporteurs qui, une balle sur le dos retenue par des bretelles, allaient de village en village offrir aux ménagères ce dont elles avaient besoins comme des étoffes tissées à HERMIES. Portant sur l'épaule cinq ou six douzaines de mouchoirs et quelques mètres de cotonnade, ils partaient de grand matin pour écouler leur pacotille. Les marchands ambulants trouvaient aussi à Cambrai des magasins de gros qui leur faisaient des prix d'achat très doux. Les uns vendaient des paquets de chicorée, d'autres de la mercerie, du fil, des aiguilles, des boutons, des rubans, des lacets, etc. A midi, ils entraient dans un cabaret pour grignoter un morceau de pain en buvant une chope de bière et continuaient leur tournée l'après-midi. Ils rentraient chez eux le soir pour repartir le lendemain. 

Le brasseur faisait chaque semaine la bière nécessaire pour alimenter les cabaretiers et les particuliers. Il y avait autrefois dans le village trois brasseries fort importantes à savoir : RICHARD, CORBIER et ARCHEUX. La disparition de cette industrie a privé de travail un certain nombre d'ouvriers qui étaient occupés dans les brasseries soit à tirer de l'eau du puits, soit à brasser la bière, soit à conduire les camions et livrer les tonneaux pleins aux clients.

  

 

 

Un jour de 1881 à Hermies : 

La tête nationale a été célébrée à Hermies avec un grand éclat le 14 juillet 1881.
A 3 heures et demie, M. le maire et le conseil municipal se rendaient sur la place, et, devant un public extrêmement nombreux, procédaient à l’inauguration du buste de la République.
M. Adolphe Lenglet, avocat à Arras, prit alors la parole, et, au milieu d’applaudissements enthousiastes, rappela les souvenirs qu’évoquait cette grande date du 14 juillet, puis se tournant vers le maire et les membres du conseil municipal, il les félicita d’avoir doté la commune d’Hermies d'un buste de la République, faisant ainsi acte de solennelle adhésion à ce gouvernement qui a relevé les finances de la France, réorganisé l’armée et qui, hier encore, allégeait les charges de l’agriculture.
L’orateur a terminé en adjurant les électeurs à prêter franchement leur concours à la République. Ces chaleureuses paroles ont été vigoureusement applaudies.
Puis, on commença les réjouissances publiques : mât de cocagne, courses à ânes, jeux de toutes sortes. Le soir a eu lieu un bal gratuit et un feu d’artifice.
Ajoutons que la ville était brillamment illuminée et que les pauvres ont été aussi de la fête, car une distribution de pain et de viande avait été faite le matin a 300 familles indigentes.

 

Un jour de 1883 à Hermies : 

Un habitant de Cambrai qui a eu l’occasion de traverser Hermies dimanche le 29 juillet 1883, fait le récit suivant :
« Il était trois heures de l’après-midi quand j’arrivais à Hermies. Jamais je n’ai vu de commune plus animée ni plus joyeuse. De nombreux chariots, charrettes et voitures étaient arrivés des villages circonvoisins par toutes les routes qui aboutissent à la place où allaient s'ouvrir les jeux. Une musique, excellente pour une musique villageoise, avait promené, puis groupé les nombreuses sociétés étrangères qui devaient concourir : qui  pour le jeu de balle, qui pour l’arbalète, qui pour l’arc ou la fléchette. Un tir a la cible, à l’arme de chasse, avait même été établi dans la cour d’un estaminet, à l'extrémité de la commune. Quand j’arrivais, M. le Curé était en train de lire aux parties concurrentes le règlement du jeu de balle établi sur la place. Des cordes étaient tendues à droite et à gauche pour former les limites et au milieu pour marquer les courtes. Quel beau jeu !
C’est grand dommage qu’à Cambrai on ne l’ait jamais connu et qu’on n’ait même pas l’envie de le comprendre. « Notre curé, nous dit un habitant d’Hermies, est un rude livreur de balles à l’escoudée.
Vous voyez ces jeunes prêtres qui sont entrés en lice dans une des douze sociétés combattantes. Remarquez-vous leur balle filer avec la rapidité de la flèche ou s’élever à perdre de vue à une cinquantaine de mètres de hauteur.
Notre curé, quand il veut, les surpasse, tous tant qu’ils sont. Il n’y en a pas un non plus pour l'égaler en force : aussi l’appelle-t-on l’Hercule d’Hermies.
— Cela ne paraît pas, interrompis-je. Il est vrai qu’il est dans la force de l’âge, qu’il est trapu, solidement bâti, mais sa taille n’est qu’ordinaire.
— Je ne vous conseille pas. répondit mon interlocuteur, de lui donner une poignée de main en serrant au plus fort, car il écraserait vos cinq doigts. Tenez voici une preuve de sa force.
Il y a quelque temps, quatre ouvriers paraissaient fort embarrassés de transporter une pierre énorme d’un endroit à un autre. Le curé arrive à leur aide :« laissez-moi faire, leur dit-il, je vais vous montrer comment on s’y prend », et, saisissant la pierre de ses deux fortes mains, il la soulève seul et va la déposer tranquillement au lieu voulu.

Je pourrais bien vous citer, continua le paysan, cent autres preuves semblables qui témoignent de la force de notre curé. Il allait, en effet, faire des variations sur ce thème, mais prenant pour excuse que j’avais hâte de regagner le chemin de fer à Havrincourt, je le saluai et allai voir d’autres jeux où régnait partout la plus grande animation.
On n'estimait pas à moins de trois à quatre mille le nombre de personnes étrangères qui sont arrivés à Hermies dans la journée de dimanche.

Sources:  Magazine ch'fournion
                  Journal du Grand Echo du Nord et du Pas de Calais
                  Journal La gazette de Cambrai

                   Journal Le Grand Écho du Nord de la France

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Chaque semaine sur la place d'Hermies avait lieu un grand marché.

La gendarmerie nationale est, quant à elle, installée rue des Prêtres.

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La gare accueille les voyageurs sur la ligne qui va d'Achiet le Grand à Marcoing et 2 hôtels sont à leur disposition sur la grand place.

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L'abreuvoir du village, muré en 1898, est à la disposition du bétail qui vient s'y rafraîchir.

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Une fabrique de boutons est également en activité dans la rue de la gare.

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Sitôt la sortie d'usine les ouvriers boutonniers vont se désaltérer à l'estaminet Prince-Cathelain situé en face.

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La brasserie Dumoulin emploie également quelques ouvriers pour fabriquer un cidre artisanal pur jus à base de pommes et de poires sans colorant ni arôme artificiel. 

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La fabrique de mouchoirs en soie, fil de lin ou coton.
 

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Une facture du 23 décembre 1912 de la manufacture de mouchoirs d'Hermies pour la confection de mouchoirs fantaisie pour les Nouvelles Galeries Réunies de Paris. Le chic parisien fabriqué à Hermies.

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