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LA GUERRE DE 1870 – 1871

On ne saurait parler des souvenirs d’autrefois sans rappeler la guerre de 1870-1871 pendant laquelle le pays fut plusieurs fois visité par les Prussiens qui excellaient dans l’art de faire de fructueuses réquisitions.
Dès le début des hostilités, les hommes mobilisables d’Hermies furent rassemblés chaque jour vers midi sur la place, sous le commandement de M. Alcide Manoury. Quelques anciens sous-officiers qui avaient accompli sept ans de service actif étaient chargés de donner à ces futurs soldats une instruction militaire très rudimentaire.
Après plusieurs semaines d’exercices, les mobilisables furent appelés sous les drapeaux. Leur uniforme était des plus modestes : un képi de drap gris foncé avec galon rouge, une large vareuse du même drap avec boutons de métal et deux grandes poches sur le côté, un pantalon semblable avec une large bande de drap rouge et de gros souliers ferrés. Comme arme, ils recevaient un sabre baïonnette et un vieux fusil Chassepot, modèle 1866, la plupart du temps inutilisable. D’ailleurs quelques-uns de ces hommes furent faits prisonniers au siège de Péronne et envoyés en Prusse.

 

Premières incursions :
Dans le courant du mois de Novembre 1870, une quarantaine de soldats prussiens arrivèrent à Hermies vers midi et s’installèrent sur la place après avoir allumé un grand feu de bois car il faisait très froid. Quelques officiers se rendirent chez le maire pour le mettre en demeure de fournir à bref délai, du vin, de l’alcool, de l’avoine et des bestiaux. Le Maire ne pouvant qu’obéir par crainte de représailles et tout fut livré en temps voulu.
Dans le courant du mois de décembre 1870 arrivèrent à leur tour une dizaine de cuirassiers blancs, véritables colosses de six pieds de haut. Ils se rendirent directement à l’école de garçons et ordonnèrent à l’instituteur, Monsieur Bacuez, de leur remettre immédiatement les cartes et les géographies du Pas-de-Calais qui se trouvaient dans la bibliothèque scolaire. Inutile de dire que pleine satisfaction leur fut donnée. Ils n'ont d'autre choix que celui de respecter les consignes de la proclamation du général de division prussien TRESCKOW.


Passage des troupes prussiennes avant la bataille de Bapaume :
Dans les derniers jours du mois de Décembre 1870, l’armée prussienne qui devait prendre part à la bataille de Bapaume, traversa Hermies vers 10 heurs du matin. Elle venait de la direction d’Havrincourt et se dirigeait vers Bertincourt. C’était un Dimanche et le curé d’Hermies, l’Abbé Briois, qui ignorait le passage des ennemis venait de faire un sermon patriotique dans lequel il maudissait le moderne Attila prussien qui venait de rançonner, piller et ravager la France. Au moment où il achevait de prononcer ces parles il vit entrer dans l’église plusieurs officiers moment où il achevait de prononcer ces parles, il vit entrer dans l église plusieurs officiers prussiens qui restèrent debout près du portail au milieu de la grande nef. Le curé descendit vivement de la chaire et alla demander aux officiers prussiens l’autorisation de continuer l’office, ce qui lui fut d’ailleurs accordé.
Le défilé des troupes dura presque toute la journée et les cabarets qui se trouvaient sur le passage reçurent la visite des officiers et sous-officiers qui s’emparaient sans façon du vin et de toutes les liqueurs qui se trouvaient dans le café. Ils ne se gênaient pas non plus pour entrer dans les maisons particulières et faire main basse sur les victuailles qui rôtissaient dans le fourneau : pâtés de lapin, poulets et gigots, tout était confisqué sans façon. Les soldats marchaient au pas en ligne impeccable et sans tourner la tête, surveillés par les officiers à cheval qui caracolaient près d’eux de chaque côté de la route. Si un malheureux troupier quittait l’alignement de quelques semelles, un officier arrivait vivement derrière lui et lui appliquait sur la nuque un coup de cravache qui laissait sur la peau du malheureux une large ecchymose. Les châtiments corporels étaient alors en usage dans l’armée comme dans les écoles de la Prusse.


Bataille de Bapaume, les 2 et 3 janvier 1871 :
L'armée du Nord commandée par le Général Faidherbe était "la dernière cartouche" du gouvernement français pour essayer de faire lever le siège de Paris.
Après quelques combats sur la Somme (Villers-Bretonneux, Pont Noyelles) où les vainqueurs furent plutôt abattu par le froid; l'épuisement, la maladie, l'armée du Nord avait retraité et regagné ses bases de départ dans la région d'ARRAS pour "se refaire une santé". Ce repos et cette réorganisation furent écourtés lorsque le Général apprit le bombardement sauvage de Péronne par l'artillerie prussienne.
Le 1er Janvier 1871 les quatre divisions reconstituées, complétées, très hétéroclites, repartaient bravement en campagne (la campagne du Sud-Artois cette fois). Tous les Prussiens furent chassés des villages de la périphérie au nord de Bapaume après de combats brefs mais souvent violents et meurtriers (à Biefvillers et à Béhagnies entre autres). Frigorifiés mais heureux, les soldats purent voir le soir du 3 janvier les clochers de Bapaume très proches dans le soleil couchant.

A 6 heures du soir le général Faidherbe pouvait télégraphier au ministre de la guerre " Nous avons chassé les Prussiens de toutes les positions, de tous les villages, ils ont des pertes énormes, nous, des pertes sensibles (183 tués, 1136 blessés, 800 disparus) ".

 

Dans la nuit du 3 au 4 janvier les Prussiens avaient évacué Bapaume en catastrophe craignant la poursuite de l'offensive française. Faidherbe, mal renseigné l'ignora et, en considération de la fatigue de ses soldats et du froid toujours rigoureux ordonna la retraite vers les cantonnements.
Le lendemain matin deux escadrons de cuirassiers prussiens, dans un baroud d'honneur, attaqua l'arrière-garde française en retraite aux environs de Sapignies. Les beaux cavaliers blancs furent sévèrement repoussés.
Deux semaines plus tard l'armée du nord passait à Bapaume, vide de Prussiens pour attaquer de nouveau en direction de Paris. Ce fut un échec à St Quentin face à une armée prussienne deux fois plus nombreuse. L’armistice, signé le 25 février 1871 mit fin aux opérations de l'Armée du Nord.


 

Les tristes soirées d’hiver 1870-1871 :
Pendant la guerre de 1870-1871, les longues soirées d’hiver étaient bien tristes dans les demeures des habitants d’Hermies. Les Prussiens qui patrouillaient très souvent la nuit dans nos régions, avaient l’habitude de frapper à grands coups de botte dans la porte des maisons où ils apercevaient de la lumière pour obliger un membre de la famille à les conduire dans une localité plus ou moins éloignée afin de les guider et les empêcher de s’égarer. Pour éviter ces redoutables corvées, les habitants n’allumaient jamais la lampe le soir. Toute la famille se réunissait autour du foyer et on causait à voix basse en attendant l’heure du coucher. De cette façon, on ne risquait pas d’attirer l’attention des patrouilles prussiennes passant pendant la nuit.
Trois ou quatre cents soldats de l'armée prussienne sont venus le 31 décembre 1870 faire des réquisitions qu'ils renouvelèrent chaque jour jusqu'à l'armistice. Les troupes dont les habitants avaient le plus à se plaindre étaient celles qui ne faisaient que passer. Le village n'eut à loger qu'un très petit nombre de soldats, mais les réquisitions n'étaient pas négligées. On évalue à 28 675 francs de l’époque l'importance de celles que la com
mune eut à supporter.
Du 4 au 15 février 1871, la commune eut à loger le 43ème régiment de ligne français. Les habitants accueillirent les soldats et leur fournirent tout ce dont ils avaient besoin.
La guerre de Prusse a laissé dans la mémoire de ceux qui l’ont vue, un pénible souvenir, toutefois elle fut peu meurtrière et ne causa pas de deuil car aucun soldat d’Hermies ne trouva la mort sur le champ de bataille. Tous les troupiers de l’armée active et les mobilisés qui étaient partis au début des hostilités rentrèrent dans leur foyer après la conclusion de la paix, heureux de retrouver un peu de calme et de joie au sein de leur famille.

Sources: d'après un livre écrit par M. Louis Doby, Directeur honoraire d'école primaire, pour son cousin M. Jean Capelle, en 1937.

 

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