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L’ÉCOLE VERS 1880

Le XIXe est le siècle de l’alphabétisation de masse, assurée au sein du réseau des écoles primaires communales. L’intervention de l’Etat est ici décisive : la loi Guizot du 28 juin 1833 rend obligatoire pour chaque commune de plus de 500 habitants l’entretien d’une école primaire de garçons ; la loi Falloux du 15 mars 1850 étend cette obligation aux écoles primaires de filles pour les communes de plus de 800 habitants.
En 1870, la France perd une guerre qu’elle a elle-même déclaré à la Prusse. C’est la fin définitive de l’Empire pour le début de la IIIème République. Les autorités Françaises trouvent alors des explications à la débâcle : Les soldats français étaient moins nombreux et moins bien préparés que les Prussiens, certains de nos soldats ne comprenaient pas les ordres, parlant uniquement le Breton, le Basque, le Flamand, ou encore le Gascon… D’autres, et même des sous-officiers, ne savaient pas lire.
Une ordonnance de 1835 prescrit la séparation des sexes à l’école. A la campagne, la mixité est néanmoins tolérée pour des raisons économiques. En ville, les groupes scolaires séparent nettement filles et garçons : les entrées des écoles de filles et de garçons sont séparées, les cours de récréation sont distinctes. Seules les écoles maternelles sont mixtes.
La loi du 1er juin 1878 oblige chaque commune à construire un bâtiment d’école et enfin les «lois Ferry» de 1881 et 1882 rendent l’école gratuite, obligatoire et laïque. Les programmes scolaires définis par Jules Ferry sont communs aux filles et aux garçons, sauf pour l’enseignement manuel: les garçons sont initiés aux travaux du fer et du bois quand les filles apprennent à coudre, à tricoter et à entretenir le linge. Le jeudi, les enfants ne vont pas à l’école.
C’est la loi organique du 28 mars 1882, rendant l’école obligatoire, qui précise en son premier article le contenu des enseignements, à savoir : «l’instruction morale et civique; la lecture et l’écriture; la langue et les éléments de la littérature française; la géographie, particulièrement celle de la France; l’histoire, particulièrement celle de la France jusqu'à nos jours; quelques leçons usuelles de droit et d’économie politique; les éléments des sciences naturelles physiques et mathématiques; leurs applications à l’agriculture, à l’hygiène, aux arts industriels, travaux manuels et usage des outils des principaux métiers; les éléments du dessin, du modelage et de la musique; la gymnastique; pour les garçons, les exercices militaires; pour les filles, les travaux à l’aiguille».
Les deux livres de chevet de l’écolier : Le tour de la France par deux enfants et le Petit Lavisse.


La distribution des prix :
Vers 1880, la distribution des prix aux élèves des écoles était l’objet d’une véritable fête populaire. Cette cérémonie avait lieu à l’école des filles qui se trouvait à l’extrémité de la rue des écoles et qui comprenait trois grandes salles séparées par des cloisons démontables. Les locaux scolaires se transformaient ainsi facilement en salle de spectacle. Les cloisons enlevées, on installait des bancs pour le public au moyen de madrier posés sur des supports. En avant se trouvaient des chaises pour les autorités locales. Le théâtre ou estrade était formé par un plancher fait avec des madriers reposant sur des tonneaux. De chaque côté, et dans le fond, il y avait les coulisses pour les acteurs improvisés. On interprétait des saynètes et des comédies qui provoquaient l’hilarité générale. Les jeunes garçons étaient chargés de la première partie. La deuxième était réservée aux filles.
Vers 1880, les garçons avaient repris une comédie très connue « le sourd ou l’auberge pleine » et les jeunes acteurs avaient obtenu un véritable succès.
On improvisait les costumes, les uniformes ; pour imiter la moustache on se maquillait la lèvre supérieure avec un bouchon de liège noirci à la flamme d’une bougie, cela suffisait. Il faut dire que les écoliers et les écolières interprétaient des comédies figurant au programme avec un véritable talent et une diction presque parfaite. La fête commençait le dimanche vers 16 heures.
Le maire, le curé, les conseillers municipaux prenaient place sur les chaises en face de l’estrade et le public s’entassaient sur les bancs. Les trois salles étaient toujours trop petites pour contenir tous les spectateurs.
La représentation théâtrale terminée, la distribution des prix commençait. Les lauréats en recevant leur récompense de l’année, allaient se faire couronner soit par le maire, soit par le curé, soit par le
urs parents si ceux-ci se trouvaient sur le premier banc. C’était un jour de joie pour les enfants et un jour de plaisir pour les parents et les spectateurs. La fête terminée, chacun se retirait et on se donnait rendez-vous à l’année prochaine. Heureuse époque où l’on savait se distraire honnêtement et à peu de frais et où on ignorait les querelles politiques.

J’ai retrouvé un document qui nous parle de Monsieur Jean Charles Joseph Bacuez, ancien Instituteur d’Hermies. Il s’agit d’un extrait de son éloge funèbre prononcé le 17 mars 1887 par Monsieur l’abbé Harduin, curé d’Hermies.

 

 

A Hermies, ils le trouvent un instituteur modèle : modèle pour le zèle à remplir ses fonctions ; modèle pour son exactitude et sa régularité; modèle pour le choix des auteurs et la méthode de son enseignement; modèle pour le dévouement qu'il montrait à ses élèves ; modèle pour la surveillance intelligente et délicate qu'il savait exercer sur eux ; modèle par l'autorité forte, et cependant paternelle, avec laquelle il les dirigeait ; modèle surtout par sa bonne conduite, se souvenant toujours que la vie du maître est le premier livre de ses élèves et qu'ils retiendront toujours mieux ses exemples que ses leçons. Il estimait que l'instituteur n'a pas tout fait lorsqu'il a développé l'intelligence et la science des enfants de son école, mais qu'il doit encore être pour eux un guide, et leur montrer, de sa personne, le chemin dans l'accomplissement du devoir. Le voilà bien, mes frères, tel que vous l'avez connu à Hermies, pendant vingt-quatre ans, dans l'exercice de ses fonctions.
Qui dira les difficultés qu'il rencontra dès son arrivée ? Il n'avait pour école qu'une masure ! et les enfants y étaient singulièrement arriérés, surtout que sept instituteurs venaient de passer successivement, et, comme en courant, par Hermies, sans s'y fixer jamais. Qui dira le bien qu'il y a fait, et pour l'esprit et pour le cœur des nombreux enfants confiés à son zèle ! surtout pendant les années si prospères pour les écoles d’Hermies, où le frère, pour les garçons, et la sœur, pour l'école des filles, prodiguaient, avec les mêmes méthodes, avec les mêmes aptitudes remarquables, avec les mêmes aperçus supérieurs, avec la même science et le même dévouement, tout ce que le bon Dieu leur avait si largement départi, à l'un comme à l'autre, de sagesse, de bon sens, d'énergie et de cœur! Oui, mes frères, et les moins bienveillants eux-mêmes doivent le reconnaître, c'est lui qui a relevé l'école d'Hermies. C'est Monsieur Bacuez qui a fait la réputation de notre école, réputation enviable que le zèle, l'intelligence, la bonne volonté et le dévouement de ses successeurs, ont su maintenir si brillante.

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LE TOUR DE FRANCE PAR DEUX ENFANTS

Lavisse: HISTOIRE DE FRANCE

LE SOURD ou L'AUBERGE PLEINE

«Le tour de la France par deux enfants» est un livre de lecture, destiné au cours moyen, écrit en 1877 par G. Bruno, pseudonyme de Madame Fouillée, et est illustré de plus de 200 gravures. Les deux protagonistes sont deux frères, orphelins de père, partis à la recherche d’un oncle et d’une mère dans toute la France. Il arrive en dix ans à détrôner les livres de lecture sur la vie des saints avec 3 millions d’exemplaires distribués en 1887, 6 millions en 1901, 8,5 millions en 1976.
En plus de livre de lecture, il sert de manuel de géographie, de précis de morale, de livre de sciences naturelles et d’initiation élémentaire à la législation française…

Le «Petit Lavisse» est un manuel d’histoire primaire dont le premier exemplaire date de 1884. Il se compose de 240 pages et 100 gravures. Il se conforme aux programmes de1882. La 75e édition est atteinte dès 1895. Le langage est simplifié, la narration imagée et les traits grossis pour se mettre à la portée des enfants. L’histoire de France se construit avec une succession de tableaux expressifs comme le chapitre «nos ancêtres les Gaulois», ou encore «le bon roi Henri IV». La période contemporaine est mise en avant permettant ainsi de raconter et surtout d’expliquer la République.

« Le sourd ou l’auberge pleine » est une comédie très connue, écrite par le citoyen Desforges, qui se jouait depuis 1790 dans les théâtres parisiens de La Montansier ou de la République. C'est une comédie en trois actes et en prose.

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