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L'ÉCOLE PRIMAIRE DANS LES ANNÉES 60

Monsieur Leroy, le directeur de l’école primaire d’Hermies, vient de tirer sur la chaîne qui actionne la cloche afin de retenir l’attention de tous les élèves. Le son de la cloche invite fortement les écoliers à garder le silence et à se mettre en rang 2 par 2 à la place de leur classe respective.

Chacun rentre dans sa classe, en saluant le maître d’un « Bonjour Monsieur ou Madame ». Celui-ci prend place à son bureau sur l’estrade avec derrière le tableau noir, les craies et la brosse de feutre. Les écoliers restent debout jusqu'à ce qu’il leur dise de s’asseoir.

Les écoliers s’installent à leurs pupitres, à la queue leu leu. Sur le dessus du pupitre lui-même une place est prévue pour les crayons, plume, porteplume. L’encre violette a été préparée par le maître à partir d’une poudre et il en a rempli une bouteille avec son bec verseur. L’encrier, en porcelaine occupe le coin droit de la place de chaque élève. L’instituteur, ou un grand de la classe, passe dans les rangs et a rempli tous les encriers en début de semaine.

La journée commence par une leçon d'instruction civique et de politesse. Avec la leçon de morale, nous avons droit au calcul mental à l'ardoise et à la dictée à la plume... Les meilleurs d'entre nous sont récompensés avec les fameux bons points et par une image au bout de 10 bons points. La pédagogie repose essentiellement sur la répétition : tables de multiplication, récitations, pages d'écriture. L’objectif est d’obtenir le certificat d'études primaires (CEP), diplôme qui sanctionne la fin de l'enseignement primaire élémentaire qui atteste ainsi de l'acquisition des connaissances de base (écriture, lecture, calcul mathématique, histoire-géographie, sciences appliquées).
Les maîtres enseignent la grammaire, la conjugaison, le calcul mental, le calcul, l'histoire, la géographie.

En CE2 je dévorais mon livre de lecture préféré « Ma forêt en liberté ». J’ai toujours ce livre et l’ai transmis à mon petit-fils. Il racontait l’histoire d’un garçon de la taille d’un bouchon et qui s’appelait d’ailleurs Bouchon et qui vivait dans la forêt au milieu d’animaux pour certains ses amis et pour d’autres de dangereux prédateurs.

Selon le cours donné, l'instituteur sort du porte-cartes en bois, une affiche pour illustrer le cours de géographie, d’histoire ou de sciences.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il faut beaucoup d’adresse pour maîtriser l’écriture : bien doser d’abord la plongée de la plume Sergent-major, enfilée dans son porte-plume de bois, dans l’encrier pour éviter le pâté, la goutte d’encre qui va tomber ou le trou dans la page avec cette plume qui ne pardonne rien. Ne pas se salir les doigts et s’appliquer ensuite aux « pleins » et aux « déliés ». Cette belle écriture s’est perdue avec l’arrivée des crayons-bille et des stylos. Le buvard est le complément indispensable pour s’essuyer les doigts plein d’encre ou sécher sa page d’écriture avant de la tourner. Le soir en rentrant à la maison, nous devons nous passer les mains au savon sous l’eau pendant un bon moment, pour enlever l’encre qui a tâché nos doigts.

 

 

 

Il y a surtout de la discipline et les enfants respectent leurs instituteurs. Il faut dire qu’en matière de discipline, le pouvoir des maîtres d’école ne connait que peu de limites. Il serait difficile de faire comprendre aux écoliers d’aujourd’hui que le moindre faux pas, la plus infime incartade est sévèrement sanctionnée sans que nul y trouve à redire. La paire de gifles est monnaie courante. Monsieur Bocquet balance la brosse à tableau en bois à travers la classe pour faire taire l’élève bavard, il aime aussi marcher sur les tables d’écolier pour avoir une vue verticale sur ceux-ci, comme un rapace.

Un instituteur peut vous taper sur le bout des doigts avec sa règle. Il vaut mieux éviter d’esquiver le coup ou d’ouvrir les doigts pour attraper la règle car le coup suivant est plus violent.
Le tirage d’oreilles relève de la norme et Madame Vauchelle s’évertue à lever les écoliers de leur chaise de cette manière. Combien de fois suis-je rentré chez moi avec le lobe de l’oreille arraché et en sang, une autre époque.
A aucun moment les écoliers n’ont le droit de parler sans avoir auparavant levé le doigt et avoir l'ordre de l'instituteur. Monsieur Serge Membré, pourtant calme et souriant, vous envoie au coin et peut aussi vous donner des pages entières d'écritures : 100 lignes à copier et à faire signer par les parents.  L’élève accepte les punitions infligées par ses maîtres comme il se résigne à subir les foudres de ses parents lorsqu’il rentre à la maison et doit faire signer une punition.

Lorsque le directeur Monsieur Alfred Leroy, entre dans une classe, tous les élèves se lèvent par politesse.
A propos de Monsieur Leroy, je vais vous raconter une anecdote invraisemblable mais exacte, que m'a rapportée mon ami Yves Figeac, enfant de chœur dans les années 60.
Alfred Leroy, directeur de l'école communale et l'Abbé Lecocq, curé du village avaient conclu une entente inimaginable à notre époque. Lorsqu’il y avait un enterrement sur la commune, les élèves scolarisés à l'école primaire et qui étaient également enfants de chœur étaient autorisés à quitter la classe pour servir la messe d’enterrement. Le retour du cimetière se faisait avec le curé dans le corbillard que conduisait Louis Leloir, cabaretier et garde-champêtre.
Etonnant non ?

Vient le moment de la récréation. Tous les enfants se ruent dans la cour ou sous le grand préau quand il pleut, en criant jusqu’à l’intervention du maître qui réclame le calme. Certains se rendent aux cabinets d’aisances rustiques qui se trouvent au fond de la cour. Les garçons jouent aux billes, aux « cowboys », à chat perché, aux gendarmes et aux voleurs tandis que les filles jouent à la corde à sauter, la ronde, la marelle, cache-cache.
Au fond de la cour de l’école certains voudraient bien ouvrir la grille de fer qui donne sur une volée de marches qui conduisent aux souterrains du village. Mais l’accès en est interdit.

En fin de journée, les enfants sortent de l’école. Certains rentrent chez eux avec les parents venus les attendre. D’autres vont s’amuser à jeter des cailloux dans l’abreuvoir situé sur la grand place d’Hermies ou regarder les moutons du berger Monsieur Diot qui viennent s’y abreuver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Malheureusement cet abreuvoir fut comblé et disparut, ce que l’on peut regretter car il aurait donné de nos jours un cachet indéniable qui aurait fait d’Hermies un des plus beaux villages de la région. A l’automne, ce sont aussi les bagarres de marrons qui couvrent le sol de la place devant l’école, la Mairie et la Poste.
Puis chacun rentre chez lui pour faire ses devoirs et éventuellement ses punitions.

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L’objectif est d’obtenir le certificat d'études primaires (CEP), diplôme qui sanctionne la fin de l'enseignement primaire élémentaire.

 

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La plume Sergent-Major est une plume métallique utilisée dans les écoles françaises pour l'apprentissage de l'écriture.

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Le crayon porte-mine produit par Blanzy -Conté - Gilbert était utilisé pour écrire sur ardoise dans les années 50 à 60.

Le buvard, accessoire essentiel lorsqu'on écrivait avec un porte plume, souvent support publicitaire.

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